Le Musée Jacquemart André

Le musée Jacquemart-André est une somptueuse demeure du XIXe siècle située sur le boulevard Haussmann à Paris. Il doit son nom à ses propriétaires, Édouard André et Nélie Jacquemart, un couple d’amateurs d’art passionnés qui ont passé leur vie à collectionner des œuvres remarquables. Aujourd’hui, ce musée demeure un lieu incontournable pour les amoureux d’art et d’histoire, avec ses salons somptueux, son escalier majestueux et son célèbre café où l’on peut savourer une pâtisserie dans un cadre aussi distingué que délicieux. Nous vous présentons ici une partie du musée.

Édouard André, héritier d’une riche famille de banquiers, fit construire cet hôtel particulier entre 1869 et 1875 avec l’intention d’en faire un écrin pour sa collection. Après son mariage en 1881 avec Nélie Jacquemart, une talentueuse peintre portraitiste, le couple entreprit de parcourir l’Europe et l’Orient à la recherche de chefs-d’œuvre, notamment des œuvres de la Renaissance italienne.

Le Grand Salon

À la mort d’Édouard en 1894, Nélie poursuivit seule cette mission et enrichit encore la collection. Fidèle à leur passion commune, elle légua l’ensemble de la demeure et des œuvres à l’Institut de France afin qu’il devienne un musée ouvert au public. C’est ainsi qu’en 1913, le musée Jacquemart-André ouvrit ses portes, offrant aux visiteurs une immersion dans l’élégance et le raffinement d’une résidence d’époque, sublimée par des trésors artistiques.

Cet escalier monumental est un exemple parfait du raffinement du XIXe siècle. Conçu dans un style inspiré du baroque italien, il est fait de marbre somptueux et orné d’une balustrade en fer forgé finement ciselée. Mais la véritable star, c’est la spectaculaire rampe en spirale suspendue, qui donne une impression de légèreté et d’élégance absolue. À l’époque, c’était une prouesse technique et artistique, digne des plus grands palais.

Au sommet, on découvre une coupole en verre qui baigne l’espace d’une lumière douce et naturelle, mettant en valeur chaque détail architectural. Et comme si cela ne suffisait pas, une série de fresques et de sculptures viennent encore enrichir le décor, notamment des œuvres de Giambattista Tiepolo, le maître du trompe-l’œil italien.

Bref, cet escalier n’est pas juste un moyen de monter d’un étage, c’est une ascension vers l’art et le raffinement.

le célèbre escalier du musée
le célèbre escalier du musée

Non loin de l’escalier se trouve le jardin d’hiver. Le jardin d’hiver est caractéristique de l’art de recevoir qui se développe sous le règne de Napoléon III. Venue de Grande-Bretagne, cette innovation connaît un grand succès. Elle consiste à disposer, sous le couvert d’une verrière, des plantes en pots, le plus souvent exotiques. Cet espace végétal permet aux invités de venir se reposer un instant dans un cadre plus rafraîchissant que les étouffants salons voisins. Ce vestibule pavé de marbre, aux murs revêtus de miroirs, donne accès au très étonnant escalier à double révolution. Les sculptures qui le décorent en font une galerie d’antiques. Mais les plantes qui le garnissent rappellent que cette pièce a d’abord été un jardin d’hiver, inondé par la lumière que diffuse la verrière.

le beauté du jardin d’hiver

Le salon de musique est l’autre grande pièce de réception. Ce salon est typique du Second Empire avec ses murs tendus de rouge et ses meubles en bois foncé. Les peintures qui ornent la pièce ont souvent changé, en fonction de l’accroissement de la collection. Elles nous ramènent au XVIIIe siècle français avec des œuvres d’Hubert Robert, de Fragonard ou encore des portraits de Perronneau.
La peinture du plafond est signée par un des peintres décorateurs les plus recherchés de l’époque, Pierre-Victor Galland. Il a représenté un Apollon protecteur des arts. Ainsi, le dieu des Arts et de la Musique préside aux destinées de cette maison.

avant d’accéder au salon de musique, nous passons par le grand salon.

Ce salon se distingue des autres pièces par son plan semi-circulaire qui rappelle la préférence du XVIIIe siècle pour la courbe au détriment de la ligne droite. Sa décoration mêle des éléments du XVIIIe siècle à des éléments réalisés au moment de la construction de l’hôtel. Ainsi est composé un ensemble très harmonieux, typique de l’art décoratif qui se met en place à cette époque et fait coexister meubles, objets anciens et copies de style : c’est ce que l’on appelle l’éclectisme.

Pas beaucoup de peintures ici mais une belle collection de bustes en marbre du XVIIIe siècle créant une galerie de sculptures. Les traits de personnages illustres y sont reconnaissables : des hommes politiques mais aussi des artistes célèbres taillés par des sculpteurs de talent : Coysevox, Lemoyne, Houdon et Michel-Ange Slodtz.

le salon des Tapisseries

Nous rentrons ici dans la partie des salons privés. On peut y trouver le salon des tapisseries, le cabinet de travail, le boudoir ou encore la bibliothèque.

Ce salon, dit des tapisseries, vous introduit dans une série de salons plus intimes qu’Edouard André et sa femme affectaient à leur vie privée et à leurs affaires. Ce salon est l’antichambre précédant leur cabinet de travail. Il offre la particularité d’avoir été adapté aux dimensions des tentures qui le décorent, qu’Edouard André possédaient déjà avant la construction de l’hôtel.
Les trois tapisseries faisaient partie d’un ensemble dit des « Jeux russiens », tissé à la manufacture de Beauvais d’après les cartons de Jean-Baptiste Le Prince, un élève de Boucher. Elles représentent « La Danse », « Le Musicien » et « La Diseuse de bonne aventure ».

Le parquet est recouvert d’un tapis de la Savonnerie sur lesquel se dresse un chevalet qui présente le seul ornement peint du salon, une gouache du vénitien Guardi. Quant aux meubles, ils portent des estampilles prestigieuses : Othon, Joseph, Riesener.

le salon des tapisseries

Passons ensuite dans le cabinet de travail.

C’est dans cette pièce qu’Edouard André puis Nélie Jacquemart organisaient leur vie quotidienne et recevaient leurs relations d’affaires. Curieusement, ce salon n’est pas aménagé à la façon austère d’un cabinet ministériel, mais présente au contraire un décor intime composé des objets qu’ils préféraient. On retrouve au mur une série de tableaux de grands maîtres français du XVIIIe siècle : Fragonard, Lagrénée, Coypel, Pater, Greuze. Une fresque de Tiepolo provenant d’un palais vénitien décore le plafond.

le cabinet de travail

Passons maintenant au boudoir. Ce boudoir, tout comme la pièce suivante, fut d’abord destiné à accueillir l’appartement privé de Nélie Jacquemart : dans cette pièce, sa salle de bains et dans la suivante sa chambre. Mais quelques années plus tard, Nélie a souhaité se rapprocher de son mari. Elle se fait alors installer une nouvelle chambre près de la sienne. C’est à ce moment là que cette pièce devient un boudoir.

Le Portrait de la Comtesse Skavronskaïa peint par Elisabeth Vigée Lebrun rappelle le goût de la cour royale et celle qui fut l’interprête privilégée de Marie-Antoinette tandis que le Comte Français de Nantes peint par David, évoque la rigueur de l’étiquette impériale. Le plafond de Tiepolo représente des Allégories de la Justice et de la Paix. Un mobilier de style Louis XVI en bois doré et des tableaux de maîtres forment un ensemble cohérent d’époque néo-classique.

le boudoir

Dans la partie salon privées, nous terminons par la bibliothèque. Initialement chambre à coucher de Nélie Jacquemart devenue bibliothèque, cette pièce est la plus reculée de l’hôtel. Les deux époux s’y retrouvaient pour consulter les catalogues de vente et décider de leurs futurs achats.

la bibliothèque

Adresse du musée : 158 Bd Haussmann, 75008 Paris

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